Le roman au XXe siècle

• Le début du XXe siècle : la crise du personnage romanesque

Le début du XXe siècle est marqué par l’avènement de la psychanalyse développée entre autres par Freud. Celle-ci permet la découverte de la part inconsciente de l’esprit humain et vient brouiller les pistes des explications psychologiques ou sociales des comportements prônées par le réalisme. Ainsi le comportement des personnages de romans deviennent plus complexes et moins facilement explicables par des facteurs extérieurs.

Un évènement historique majeur marque également cette période : il s’agit bien sûr du conflit mondial de 1914-1918. Les hommes ont perdu leurs repères dans l’horreur de la guerre, le monde leur parait monstrueux et inexplicable. Le roman et ses personnages s’en trouvent également affectés.

Les personnages de romans sont donc « construits » sur des modèles nouveaux, en rupture avec ceux du XIXe siècle.

Par ailleurs, au cours de cette même période, les écrivains veulent rompre avec les personnages stéréotypés, trop proches de la réalité. Le portrait de personnage est de plus en plus simpliste, voire inexistant dans les romans de cette période. Le mode de narration change : le point de vue omniscient est abandonné au profit d’un point de vue plutôt externe. Par exemple, Meursault, personnage principal du roman de Camus intitulé L’étranger n’a pas vraiment d’identité, si ce n’est qu’il a un nom et une mère. Son comportement est révoltant pour le lecteur impuissant, il est victime de l’absurdité du monde.

A partir de 1930 des personnages nouveaux apparaissent dans les romans. Ils sont tantôt déchirés par des pulsions inconscientes, victimes de tempêtes intérieures, tantôt marqués, voire traumatisés par des événements historiques. Thérèse Desqueyroux, héroïne éponyme du roman de François Mauriac tente d’empoisonner son mari mais ne semble pas s’émouvoir de cette pulsion. Dans Voyage au bout de la nuit, Louis Ferdinand Céline met en scène un personnage profondément marqué par sa participation à la Première Guerre mondiale.

• 1950 : Le nouveau roman

Après la Seconde Guerre mondiale et son lot d’horreurs, les hommes s’interrogent sur les valeurs de l’humain et de la société qui semblent désormais échapper à toute logique. Le personnage de roman en subit lui aussi les conséquences, il est désormais volontairement privé de nom, de passé, d’origines, d’appartenance à une catégorie sociale, en somme de toute identité. Dans le cas où il lui reste une forme d’identité, celle-ci est parodique. Le comportement adopté par le personnage de roman devient incompréhensible pour le lecteur. La volonté de ces auteurs du nouveau roman est de déconstruire le personnage.

Tout ce qui entoure le personnage de roman est également mis à mal par les auteurs du nouveau roman. La description prend une place importante pour montrer l’étrangeté du monde et des objets. Le fil chronologique du roman est complètement remis en perspective, voire supprimé. Le fil de l’intrigue est rompu, il ne s’agit plus que de morceaux épars et la narration est éclatée : il peut y avoir plusieurs voix narratives. La jalousie d’Alain Robbe-Grillet en est une illustration intéressante : la trame narrative du roman revient sans cesse sur elle-même et la description de la maison située au milieu d’une plantation de bananiers tient une place très importante.

• La renaissance du personnage dans les années 1970 :

A partir des années 1970 le personnage de roman redevient plus conventionnel. Il présente souvent des ressemblances avec l’auteur, qui peut aussi choisir de se mettre en scène lui-même dans une forme de roman nommée l’autofiction, qui diffère de l’autobiographie puisqu’il s’agit d’une fiction et non d’un texte qui rapporterait la stricte vérité. Le personnage est souvent en quête de son identité.

Prolongements: Pour prolonger votre cours sur le roman au XIXe siècle, je vous invite à consulter les pages 402-403 de votre manuel Nathan (Français et littérature, anthologie chronologique, 2011).